Afrique : Lune de miel ou de fiel pour Pallinghurst ou Fosun sur les gemmes de couleur

Publié le mercredi 5 juillet 2017, par Rutilance.com

Pallinghurst Resources a consolidé son avance dans sa bataille à fleurets mouchetés pour le rachat de Gemfields Plc détenant un solide portefeuille sur les gemmes de couleur en Afrique.

Il fait face au conglomérat chinois Fosun Gold qui a l’appui du Comité indépendant du Conseil d’administration de Gemfields, d’autant plus que son offre cash valorise la compagnie britannique à environ 256 millions £.

Cependant, le fonds d’investissement minier coté à Johannesburg a annoncé, le 4 juillet, avoir, à 13 heures, temps de Londres, environ 85,94% du capital-actions existants de Gemfields que son offre de rachat valorisait pourtant moins : 201 millions £.

Pallinghurst est parti de sa participation de base de 37,64% du capital-actions existants de Gemfields pour recueillir des acceptations qui ont déjà porté à 61,25% et à 75,18 % sa possession du capital-actions existants de la compagnie.

Ce, malgré le rejet de son offre jugée « dérisoire » par le Comité indépendant qui a plutôt pris fait et cause ouvertement pour le conglomérat chinois Fosun Gold qui a fait une offre cash de 45 pence pour chaque action de Gemfields.

Dans ce contexte de guerre à fleurets mouchetés, le cours des actions de Gemfields est pratiquement dans le rouge pendant que Pallinghurst, son actionnaire, reçoit en série les ralliements des autres actionnaires.

Aussi a-t-il fait une percée à environ 85,94% du capital-actions existants de Gemfields grâce des acceptations valides représentant 48,30% du capital-actions existants.

« Je suis ravi qu’ensemble avec les actions que détient déjà Pallinghurst Group nous avons obtenu des acceptations qui représentent plus de 85% du capital-actions de Gemfields », a commenté Arne H. Frandsen, CEO de Pallinghurst, le 4 juillet dans une mise à jour sur l’évolution de la situation.

« Nous sommes impatients de sécuriser un transfert harmonieux et rapide », a-t-il ajouté, plus que rassuré de remporter la bataille du rachat de Gemfields Plc.

Le bras de fer sur Gemfields Plc a sa raison d’être. La compagnie britannique possède à 100% Fabergé Ltd, l’une des marques de luxe les plus connues au monde, mais à 75% à la fois la mine d’émeraude Kagem de classe mondiale en Zambie et une robuste mine de rubis à Montepuez dans le nord du Mozambique.

En plus, son portefeuille inclut une participation de 50% dans la mine d’améthyste Kariba en Zambie et des actifs d’exploration sur l’émeraude en Ethiopie, sur le saphir au Sri Lanka et sur le rubis, l’émeraude et le saphir à Madagascar.

C’est dans un contexte mondial d’euphorie pour l’émeraude et le rubis avec des demandes croissantes observées au niveau du vaste marché de l’Asie y compris un marché chinois extrêmement porteur.

Dans cet environnement, Gemfields Plc a fait d’importants investissements pour établir la bonne audience du rubis du Mozambique qui discute les mêmes qualités à ceux de la Birmanie qui sont les plus prisés au monde .

En 2014, le marché mondial du rubis poli a été estimé à 2 milliards $ mais celui plus élargi des gemmes de couleur (rubis, saphir et émeraude) a atteint 5,9 milliards $ en 2015.

De quoi attirer la compagnie émergente australienne Mustang Resources, deuxième acteur sur le rubis en Mozambique, qui s’active à avoir une part de marché, en tirant profit des voies tracées par Gemfields. 

Le vaste marché des gemmes de couleur a connu, a-t-elle recemment rapporté, un accroissement de 13% en 2015, pendant que celui du diamant a enregistré un tassement marqué d’une baisse de 17% passant de 84 milliards $ à 70 milliards $.

Saisissant cette embellie, Gemfields Plc, premier acteur depuis 2009 avec 35 000 ha de superficie d’exploration sur le rubis de Montepuez, a réalisé un chiffre d’affaires impressionnants, soit un total de 225 millions $ sur la vente des rubis d’exploration jusqu’en décembre 2016. 

Rien que dans le projet de Montepuez, elle a produit au cours du trimestre achevé au 31 mars dernier 1,2 million de carats de rubis. (Par Olivier K.T)